La médecine et la chirurgie des animaux de compagnie ont fait de gros progrès. Savez-vous qu’il est maintenant possible d’opérer les chiens de la cataracte ? Alors si vous avez l’impression que votre chien plutôt âgé voit moins bien, s’il se cogne dans les meubles quand les pièces sont peu éclairées, n’hésitez pas à en parler à votre vétérinaire, il est peut-être possible de faire quelque chose pour lui.
La cataracte, une maladie principalement du chien âgé
La cataracte correspond à une opacification progressive du cristallin. Le cristallin est une sorte de lentille biconvexe, normalement transparente, située dans le globe oculaire ; elle oriente les rayons lumineux reçus au niveau de l’œil vers la rétine où se forment les images. C’est un élément essentiel de la vision car c’est lui qui permet l’accommodation : en faisant varier son rayon de courbure (grâce à des muscles ciliaires), il permet à l’œil de voir de près comme de loin et de générer des images nettes.
Le cristallin possède une caractéristique très particulière : c’est la seule partie de l’œil qui se renouvelle tout au long de la vie ! Mais les nouvelles cellules qui apparaissent s’accumulent au-dessus des anciennes, sans que celles-ci soient pour autant éliminées. Au fur et à mesure, le cristallin devient donc de plus en plus dense. Cette perte de transparence commence chez le chien vers l’âge de 6-8 ans : la lumière traverse toujours le cristallin, mais la vision de près et la vision nocturne sont moins bonnes. Les yeux prennent un reflet blanc bleuté. Puis l’opacification s’accentue, les yeux prennent une couleur totalement blanche caractéristique, vers l’âge de 10 ans environ, et le chien devient progressivement aveugle.
La plupart des chiens compensent très bien la perte progressive de la vision par leur ouïe et leur odorat. Ils peuvent sembler tout à fait à l’aise dans la maison, dans le jardin ou dans la rue tenus en laisse. En revanche, ils sont gênés la nuit et dans un milieu inconnu.
Ce type de cataracte est dite « sénile » parce que liée à l’âge. Généralement, les deux yeux sont atteints, mais pas forcément en même temps ni au même rythme (la dégradation peut être plus ou moins rapide).
Les autres causes de cataracte
La cataracte peut aussi avoir une origine :
- génétique (ou héréditaire). Le cristallin est normal à la naissance, mais il est génétiquement « programmé » pour s’opacifier dans les premières années de vie. Il existe des races de chiens prédisposées à la cataracte (caniche, cocker, schnauzer, lévrier afghan, golden ou Labrador retrievers, beagle, épagneul breton, bobtail…). Si votre chien appartient à l’une de ces races, n’hésitez pas à faire dépister un début de cataracte dès l’âge de 6 ou 7 ans.
- congénitale. Elle provient d’une anomalie du développement au cours de la gestation et est présente dès la naissance.
- traumatique. Elle est liée à une blessure ou un coup. En général, un seul œil est atteint.
- post-inflammatoire. Elle fait suite à une inflammation de l’œil.
- diabétique. L’opacification dans ce cas est très rapide : le chien peut devenir aveugle en quelques semaines. Elle touche systématiquement les deux yeux.
Les symptômes sont les mêmes que pour une cataracte sénile : changement de couleur des yeux et perte de la vision totale ou partielle selon l’importance de la cataracte.
L’opération de la cataracte
L’évolution de la cataracte est irréversible et aucun médicament ne permet de la soigner ; seule une opération chirurgicale peut rétablir une vision correcte, avec un taux de réussite de 80-90 %. Si vous souhaitez faire opérer votre chien, adressez-vous à un vétérinaire spécialisé en ophtalmologie. Un examen complet de l’œil est nécessaire pour vérifier l’absence de contre-indications à l’opération.
L’intervention est possible chez les chiens jeunes dont la cataracte (non sénile) est importante. En revanche, elle est inutile chez les chiens dont la rétine n’est pas fonctionnelle. En effet, certaines races comme le caniche peuvent présenter à la fois une cataracte liée à l’âge et une dégénérescence de la rétine. Il n’existe malheureusement aucune possibilité de traitement pour les chiens atteints de cette double affection. Le fonctionnement de la rétine est donc systématiquement évalué par un examen appelé électrorétinographie, réalisé sous anesthésie générale.
Pour les chiens très âgés, la situation est un peu plus complexe. Même si l’âge n’est pas une maladie, il faut évaluer le risque anesthésique. Si votre chien est très handicapé par sa cataracte et que votre vétérinaire estime, suite à un bilan complet, qu’il peut supporter l’anesthésie, alors l’intervention est envisageable.
L’intervention chirurgicale consiste à retirer le cristallin abîmé grâce à une technique appelée phaco-émulsification : le cristallin est fragmenté par ultrasons puis les morceaux sont retirés par aspiration. Un cristallin artificiel adapté à la vision du chien est ensuite mis en place. L’intervention dure 20 à 30 minutes par œil. Les deux yeux peuvent être opérés le même jour. La cornée n’est incisée que sur 3 ou 4 mm, la cicatrice est donc très petite.
Cette intervention n’est pas douloureuse (le cristallin n’est pas innervé) et ne nécessite pas d’hospitalisation : le chien rentre à jeun le matin à la clinique et en ressort en fin d’après-midi. Un traitement antibiotique et anti-inflammatoire est prescrit sur plusieurs semaines, avant et après l’intervention, sous forme de gouttes à mettre dans les yeux plusieurs fois par jour. Le chien doit porter une collerette pendant deux semaines après l’opération.
Plus la cataracte est opérée tôt et meilleurs sont les résultats.
La vision commence à s’améliorer 8 jours après l’intervention. Des visites régulières de contrôle sont à prévoir.
Pour retarder l’apparition de la cataracte
La cataracte est une maladie liée au vieillissement. Pour renforcer les défenses naturelles de votre compagnon âgé et le garder en forme plus longtemps, n’hésitez pas à lui apporter des antioxydants sous forme de complément alimentaire. Ces substances permettent à l’organisme de lutter contre le vieillissement en neutralisant les radicaux libres, ces dérivés de l’oxygène qui s’attaquent aux cellules et accélèrent leur dégradation.