Votre chienne ne semble pas en forme depuis quelques jours… Elle n’a pas beaucoup d’appétit et vomit le peu qu’elle mange. Par contre, elle boit énormément. Faites un rapide calcul : était-elle en chaleurs il y a moins de deux mois ? Si oui, il est possible que votre chienne fasse un pyomètre. Cette infection de l’utérus est très grave et nécessite une consultation en urgence.
Qu’est-ce qu’un pyomètre ?
Un pyomètre est une infection de l’utérus qui survient 3 à 8 semaines après la fin des chaleurs. Il peut toucher toutes les chiennes non stérilisées, quels que soient leur race et leur âge, même s’il est plus fréquent après 7 ans.
Au moment des chaleurs, sous l’influence des hormones, la muqueuse utérine, qui recouvre la paroi interne de l’utérus, s’épaissit légèrement et sécrète des mucosités, qui sont éliminées puisque le col de l’utérus est ouvert pendant les chaleurs. Cette légère inflammation est normale. En revanche, ce qui est anormal et provoque le pyomètre, c’est que, sous l’effet d’un dérèglement hormonal, la muqueuse utérine continue à sécréter des mucosités, après la fin des chaleurs, lorsque le col s’est refermé ! Celles-ci s’accumulent dans l’utérus et peuvent s’infecter en présence de bactéries. Si le col de l’utérus reste fermé, le pus s’accumule dans l’utérus ; si le col se rouvre, le pus s’écoule à l’extérieur.
On ne connaît pas exactement la cause du dérèglement hormonal, mais on sait que l’apparition du pyomètre est favorisée par l’administration répétée de traitements abortifs et/ou de produits contraceptifs destinés à éviter les chaleurs ou à les interrompre.
Comment se manifeste-t-il ?
Les premiers signes de l’infection sont une fatigue, une perte d’appétit, des vomissements, une augmentation importante de la quantité d’eau bue et par conséquence de la quantité d’urine éliminée (on parle de polyuropolydipsie : le chienne boit et urine beaucoup). La fièvre n’est pas systématique.
Si le col de l’utérus reste fermé, l’abdomen de la chienne se distend et devient douloureux. Au contraire, si le col s’ouvre, du pus malodorant parfois teinté de sang apparaît à la vulve. Cela ne se voit pas forcément si la chienne se lèche au fur et à mesure, mais la vulve sera gonflée et mouillée en permanence.
Si aucun traitement n’est mis en place, l’infection progresse, une septicémie (infection généralisée) s’installe. La chienne est en état de choc, tombe dans le coma et meurt. Lors de pyomètre à col fermé, l’utérus peut se distendre jusqu’à la rupture, entraînant une péritonite (infection du péritoine, fine membrane qui tapisse l’intérieur de l’abdomen) fatale.
Comment diagnostique-t-on un pyomètre ?
• Le vétérinaire commence par pratiquer un examen général et se renseigner sur la date des dernières chaleurs. S’il s’agit d’un pyomètre « à col ouvert », le diagnostic est assez facile, puisque du pus apparaît à la vulve de la chienne.
• Puis il réalise une prise de sang dont les résultats montrent une augmentation du nombre de globules blancs : cela met en évidence une infection sans en déterminer pour autant l’origine. Sont également évalués le niveau de déshydratation et le fonctionnement des reins, donc l’état général de la chienne.
• Enfin, une radiographie ou une échographie de l’abdomen permet de visualiser une dilatation et une accumulation de liquide dans l’utérus, surtout en cas de pyomètre « à col fermé ».
Comment se soigne un pyomètre ? Le traitement est-il uniquement chirurgical ?
Une chienne dont le diagnostic de pyomètre a été confirmé est immédiatement hospitalisée et placée sous perfusion, afin de la réhydrater et de lui administrer des antibiotiques et éventuellement des antalgiques par voie intraveineuse. Lorsque son état est stabilisé, elle peut être opérée, généralement après quelques heures, au plus tard le lendemain. En théorie, il suffirait de retirer uniquement l’utérus (hystérectomie) ; en pratique, les deux ovaires sont également retirés (ovariohystérectomie) afin d’éviter les récidives.
Si l’état général de la chienne est bon et que vous souhaitez la faire reproduire ultérieurement, il est possible de mettre en place un traitement médical à base d’antibiotiques et d’hormones. Celles-ci provoquent l’ouverture du col utérin puis des contractions des parois utérines, pour permettre l’expulsion des sécrétions. Ce traitement est également possible sur une chienne dont l’état général est tellement dégradé qu’elle risque de ne pas supporter l’anesthésie ; si son état s’améliore, on peut ensuite envisager l’intervention chirurgicale.
Il faut savoir qu’avec un traitement médical, les risques de récidive sont importants : près de 3 chiennes sur 4 présentent un nouveau pyomètre aux chaleurs suivantes.
Est-ce qu’il y aura des soins à faire après l’opération ?
L’ovariohystérectomie pratiquée en urgence sur un pyomètre est une chirurgie lourde. La sortie de la clinique de votre chienne est possible après 24 ou 48 heures si tout va bien. De retour à la maison, il faudra la laisser au repos et bien sûr respecter l’ordonnance du vétérinaire pour l’administration des médicaments (antibiotiques, antalgiques…). Vous n’aurez aucun soin à faire au niveau de la plaie, sinon faire retirer les fils au bout de 10-15 jours.
Contactez rapidement votre vétérinaire si de retour chez vous votre chienne ne mange pas, refuse de se lever, semble fiévreuse, si du sang apparaît sur le pansement de la plaie.
Y a-t-il un risque de complications ?
Comme pour toutes les chirurgies, des complications peuvent apparaître. Si l’état général de la chienne est très dégradé, elle peut malheureusement décéder au cours de l’intervention, même si toutes les précautions sont prises pour minimiser ce risque.
Les complications les plus fréquentes suite à l’intervention sont une infection urinaire, une péritonite, une insuffisance rénale (généralement réversible si la chienne est placée rapidement sous perfusion).
Si la prise en charge est précoce, plus de 90 % des chiennes opérées récupèrent rapidement, sans complication.
Peut-on prévenir l’apparition d’un pyomètre ?
La meilleure des préventions reste une stérilisation précoce de la chienne. Cela diminue à la fois le risque de pyomètre, de tumeurs mammaires ou ovariennes et de grossesse nerveuse. Il est possible de pratiquer cette intervention avant l’âge de 6 mois, sans aucune conséquence sur la croissance de la chienne.