Les chevaux sont comme les Hommes : certains supportent une forte douleur sans broncher, d’autres se roulent par terre au moindre bobo… Quelle que soit l’intensité de la douleur, il est hors de question de laisser souffrir un animal alors qu’il existe de nombreux moyens de le soulager.
Comment reconnaître la douleur du cheval ?
Il suffit souvent de regarder la tête du cheval pour comprendre qu’il souffre : il grimace, a la tête basse, le regard fixe, les oreilles portées en oreille, les naseaux dilatés…
Certains signes de douleur sont plus caractéristiques. Le cheval en coliques (douleurs digestives) se montre abattu ou au contraire très agité : il se couche et se relève, se roule sur le dos, gratte le sol, se tape le ventre avec les postérieurs… Il se regarde le flanc, se campe comme pour uriner, sans y parvenir. Il transpire énormément. Un cheval qui souffre des dents secoue la tête, salive de façon excessive et mâchonne en permanence. Si les douleurs sont localisées à l’estomac (ulcères gastro-intestinaux par exemple), le cheval grince des dents et baille. En cas de douleur localisée à un ou des membre(s), le cheval au repos évite de s’appuyer sur le membre douloureux et reporte son poids sur les membres sains. Certaines douleurs n’apparaissent que lorsque le cheval est au travail : les allures se modifient, il boite. Un cheval qui s’assoit comme un chien souffre de la région diaphragmatique.
Les douleurs dorsales sont souvent plus difficiles à mettre en évidence. Le cheval est raide, il rechigne au travail et devient rétif, ses performances diminuent, il réagit lorsque le cavalier le panse, sangle ou se met en selle.
Pourquoi faut-il traiter la douleur ?
La douleur, surtout si elle est chronique (on estime qu’une douleur est chronique si elle dure depuis plus de 3 semaines), perturbe tout l’organisme du cheval : il mange moins ou plus du tout, son transit intestinal se ralentit ou s’arrête totalement, son rythme cardiaque s’accélère, sa fréquence respiratoire également, ses urines se concentrent, ses défenses immunitaires diminuent… Si rien n’est fait, un état de choc s’installe, mettant la vie du cheval en danger : il peut mourir de douleur !
Soigner la douleur ne veut pas dire supprimer toute sensation : il n’y a aucun intérêt par exemple à ce qu’un cheval qui souffre d’une tendinite puisse de nouveau s’appuyer de tout son poids sur son pied, au risque d’aggraver les lésions. Un traitement analgésique vise simplement à relaxer l’animal de façon à obtenir une guérison plus rapide.
Comment soulager un cheval qui souffre ?
Il existe plusieurs classes de médicament qui permettent de soulager la douleur. On parle de substances antalgiques ou analgésiques. Les plus employés sont les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). La phénylbutazone, le méloxicam, le kétoprofène, la flunixine, le firocoxib… sont efficaces pour soigner les douleurs modérées. On les utilise aussi de façon préventive, avant une intervention chirurgicale douloureuse par exemple. En général, on commence par une injection (la voie intraveineuse permet une action plus rapide), puis le relais est pris par voie orale. Il existe de nombreuses présentations, les plus simples à utiliser sont peut-être celles sous forme de poudre à mélanger à l’aliment. Pour les douleurs faibles à modérées, on peut utiliser l’acide acétylsalicylique (uniquement par voie orale). Les AINS présentent cependant des effets secondaires non négligeables, notamment au niveau de la muqueuse digestive : ils peuvent provoquer, chez les chevaux sensibles, des ulcères gastro-intestinaux, parfois plusieurs semaines après l’arrêt du traitement. Pour limiter les effets secondaires néfastes, respectez bien la posologie et la durée du traitement.
Les sédatifs, normalement utilisés pour la tranquillisation des animaux, sont aussi de bons analgésiques : ils sont anxiolytiques et provoquent un relâchement de la musculature. Toutefois certains chevaux réagissent de façon « paradoxale » aux sédatifs et peuvent se montrer agressifs et agités.
Pour les douleurs intenses, il est possible d’utiliser la morphine ou l’un de ses dérivés. Seul le butorphanol possède une AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) en France pour l’espèce équine.
Localement, le vétérinaire peut pratiquer une infiltration d’anesthésique au niveau des nerfs qui irriguent une zone douloureuse. Cette méthode est plus souvent utilisée à des fins diagnostiques, pour localiser l’origine d’une boiterie par exemple, ou avant un geste chirurgical (suture ou castration).
Attention, la plupart des antalgiques utilisés sont considérés comme des substances dopantes, à arrêter quelques jours, voire quelques semaines, avant une compétition. Renseignez-vous sur les délais à respecter entre l’administration du traitement antalgique et la participation du cheval à une épreuve sportive. L’élimination des produits étant très variable d’un cheval à l’autre, il est conseillé de demander par l’intermédiaire de votre vétérinaire une « analyse de courtoisie » qui permet, 2 à 3 jours avant une épreuve, de s’assurer de l’élimination complète du produit administré.
Et avec les médecines complémentaires ?
On utilise fréquemment pour soulager la douleur l’acupuncture, l’homéopathie et la phytothérapie, généralement en association avec la médecine traditionnelle.
- L’acupuncture vise principalement à diminuer les douleurs musculo-squelettiques ou viscérales. En stimulant des points précis d’acupuncture, on augmente la circulation et la libération d’hormones, de neurotransmetteurs et toutes sortes d’endorphines qui agissent sur les voies de la douleur en bloquant la transmission des stimuli douloureux.
- Le remède homéopathique le plus connu dans le traitement de la douleur est l’arnica (utilisé pour les hématomes, les traumatismes ou les courbatures), mais il existe de nombreuses autres préparations pour les douleurs articulaires, tendineuses, viscérales, osseuses, etc.
- En phytothérapie, les préparations sont généralement présentées sous forme de poudres, de solutions, d’huiles ; ces produits peuvent être proposés comme des compléments alimentaires. La reine-des-prés et la réglisse par exemple ont des propriétés antalgiques reconnues.
Il est également possible de pratiquer des manipulations (par un ostéopathe reconnu). Tous les organes peuvent être concernés par cette médecine manuelle, pas uniquement le système myo-arthro-squelettique.
Enfin, l’application de froid sous différentes formes dont les pistolets de cryothérapie à l’azote constitue aussi un moyen physique de soulager certaines douleurs comme celles des tendinites.