L’arthrose résulte d’une dégradation du cartilage qui recouvre les extrémités des os au niveau des articulations. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, elle n’atteint pas uniquement les chevaux âgés ou les chevaux de sport, dont les articulations sont soumises à rude épreuve : l’arthrose évolue même en l’absence de travail, quel que soit l’âge ! S’il n’existe aucun traitement pour guérir l’arthrose, il est possible de soulager le cheval arthrosique de la douleur et de freiner la progression de la maladie.
Traitements médicaux
L’arthrose est un phénomène dégénératif irréversible, et il n’existe malheureusement pour l’instant aucun traitement qui permette de reconstruire le cartilage abîmé. En attendant la mise au point de thérapie articulaire à base de cellules souches (injectées dans l’articulation, elles ont ensuite la capacité de se transformer en cellules cartilagineuses), on peut utiliser différents traitements médicaux.
Les anti-inflammatoires
Les anti-inflammatoires soulagent la douleur et diminuent l’inflammation. Ces substances ne sont malheureusement pas dénuées d’effets secondaires et considérées comme dopantes, ce qui rend difficile leur utilisation sur le long terme. En revanche, l’arthrose évoluant par poussées, les anti-inflammatoires peuvent être prescrits pendant les périodes de crise aiguë.
Parmi les anti-inflammatoires utilisables chez le cheval, on peut citer : la phénylbutazone, le méloxicam, la flunixine, le firocoxib (anti-inflammatoires non stéroïdiens) par voie orale ou la dexaméthasone (corticostéroïde) sous forme d’injections intra-articulaires.
Le tiludronate
L’acide tiludronique vise à limiter les remaniements du tissu osseux situé sous les cartilages (augmentation de la densité osseuse ou au contraire déminéralisation), fréquents en cas d’arthrose. Le traitement est coûteux et s’administre uniquement par voie intraveineuse. Il ne convient pas aux lésions trop anciennes.
Les chondroprotecteurs
Pour freiner la dégénérescence du cartilage, on utilise des composants naturels des articulations :
- l’acide hyaluronique est l’une des molécules responsables de la viscosité de la synovie (le liquide qui nourrit et lubrifie l’articulation). Il est utilisé chez le cheval sous forme d’injections intra-articulaires (plusieurs séries d’injections sont nécessaires). Il permet d’obtenir de bons résultats, mais le coût du traitement est très élevé.
- les glycosaminoglycanes (GAG) sont des substances extraites du cartilage. La glucosamine et le sulfate de chondroïtine sont les deux composants les plus utilisés. Ils sont administrés par voie orale, par injection intramusculaire ou intra-articulaire. Ils sont surtout efficaces pour le traitement des lésions récentes. Mieux vaut les utiliser de façon préventive plutôt que curative.
Les chondroprotecteurs se concentrent dans l’articulation malade et s’opposent à la dégradation du cartilage. Ils possèdent de plus une activité anti-inflammatoire propre. Ils ne sont pas considérés comme des substances dopantes. Leur administration est possible sur plusieurs mois. Les effets positifs ne sont visibles qu’après plusieurs semaines.
La phytothérapie
L’arthrose est une bonne indication pour la médecine par les plantes. Une plante, originaire d’Afrique du Sud, est particulièrement indiquée : la « griffe du diable » (Harpagophytum procumbens) qui possède des propriétés anti-inflammatoire, antidouleur et antioxydante. Ce complément alimentaire se présente sous forme de poudre, à mélanger à l’alimentation du cheval, en continu ou sous forme de cure de 1 à 2 mois. Pour plus d’efficacité, choisissez une spécialité contenant au moins 50 % d’Harpagophytum dans la formule. Attention, l’Harpagophytum est considérée comme dopante (l’administration doit être arrêtée 48 heures avant une compétition). Elle est contre-indiquée chez les chevaux présentant des ulcères : ses effets stimulants sur le tube digestif pourraient aggraver la sévérité d’ulcères déjà présents.
La scrofulaire (Scrofularia nodosa) est une autre plante médicinale ayant également une activité anti-inflammatoire.
Traitements chirurgicaux
- Le lavage articulaire a pour but d’éliminer les médiateurs de l’inflammation et les fragments cartilagineux de l’articulation. Il se réalise en passant 3 litres de solution stérile dans l’articulation, parfois sous anesthésie locale mais généralement sous anesthésie générale, dans des conditions très strictes d’asepsie chirurgicale.
- Le curetage chirurgical de l’os et du cartilage vise à enlever la portion de cartilage abîmé et à favoriser la formation d’un néocartilage. Cette technique, généralement pratiquée sous arthroscopie, est indiquée sur des lésions faiblement étendues et sur des chevaux de plus de 2 ans. La convalescence est d’environ 4 mois.
- L’arthrodèse est réservée aux cas les plus graves. Elle consiste à souder les différents éléments d’une articulation trop délabrée pour guérir, en posant des plaques ou des vis dans les parties saines de l’articulation (comme pour une fracture). L’ankylose provoquée entraîne le plus souvent une atténuation ou une disparition de la boiterie. Cette intervention ne peut être pratiquée que sur des articulations à faible mobilité (jarret ou paturon), sinon le cheval serait trop handicapé. La convalescence dure plusieurs mois.
- De nouvelles techniques chirurgicales sont à l’étude ; on cherche par exemple à greffer des morceaux de cartilage (prélevés sur le sternum) afin de recréer une nouvelle surface articulaire fonctionnelle. Les résultats sont en cours d’évaluation. L’étape suivante sera probablement la pose de prothèse articulaire !
En plus du traitement médical ou chirurgical…
- Maintenez le cheval à son poids de forme. S’il a tendance à être grassouillet, essayez de lui faire perdre du poids afin de limiter la surcharge articulaire.
- Corrigez rapidement les défauts d’aplomb, qui sont des facteurs favorisants de l’arthrose par report inégal des charges sur les articulations.
- Fréquentez des terrains adaptés au handicap. D’une façon générale, évitez les terrains durs et pentus et préférez des terrains réguliers, souples et peu profonds. Echauffez longuement le cheval au pas. Limitez le travail sur les cercles, qui entraîne des rotations génératrices de douleur.
- Privilégiez pour le cheval arthrosique des ferrures légères et amortissantes. Votre maréchal-ferrant pourra vous conseiller une ferrure adaptée à l’utilisation du cheval et à la localisation des lésions.
- La mise au repos complet du cheval arthrosique est déconseillée : les lésions d’arthrose risqueraient alors de se compliquer de déminéralisation osseuse. Mais l’activité est à adapter à chaque cas : l’exercice doit être compatible avec les lésions et le niveau de douleur. On conseille généralement une activité régulière, sans jour de repos et sans excès. La mise en liberté peut parfois être interdite.